DNC : suite à l'apparition de nouveaux foyers, interdiction temporaire de l'export et des rassemblements d'animaux

Avec ces nouveaux cas, la France compte 86 foyers (dans 54 élevages) et cinq zones réglementées : Savoies et Ain, Loire et Rhône, Pyrénées-Orientales, Jura, Ain.
© Ministère de l'Agriculture
Michel JEANNEY
Épidémiologie
Dans un contexte de propagation de la dermatose nodulaire contagieuse, la ministre de l'Agriculture a annoncé, le 17 octobre, une « interdiction de toute sortie de bovins du territoire métropolitain pour éviter la diffusion du virus hors de France » ainsi que les rassemblements festifs de bovins jusqu'au 4 novembre. La première mesure vise, selon elle, à rassurer les partenaires européens et commerciaux, la situation résultant « probablement de mouvements d'animaux, dont certains illicites ». La FNSEA a dénoncé, le même jour, une décision « unilatérale ».
Trois premiers foyers de dermatose nodulaire contagieuse (DNC) « ont été confirmés dans les Pyrénées-Orientales le 15 octobre », à La Bastide, Oms et Valmanya, a annoncé le ministère de l'Agriculture le 16 octobre. Ces trois foyers s'ajoutant à ceux déclarés récemment dans l'Ain (un nouveau foyer) et dans le Jura (trois foyers), le ministère de l'Agriculture juge, dans un communiqué du 17 octobre, la situation « préoccupante ».
Celle-ci « résulte probablement de mouvements d'animaux, dont certains illicites », précise-t-il.
Interdiction de toutes sorties de bovins de l'Hexagone
« Cette situation fragilise la confiance de nos partenaires européens qui suivent avec attention l'évolution de la maladie en France », explique le ministère. « C'est pourquoi Annie Genevard, ministre de l'Agriculture, a réuni (le 17 octobre) en urgence le Comité national d'orientation de la politique sanitaire animale et végétale (Cnopsav) » et prit les mesures suivantes :
- interdiction de tout rassemblement « festif » (concours, foires, salons, etc.) de bovins sur tout le territoire métropolitain ;
- interdiction, dans l'ensemble des régions comprenant une zone réglementée - à savoir l'Auvergne-Rhône-Alpes, la Bourgogne-Franche-Comté et l'Occitanie - des marchés de bovins destinés à l'élevage ;
- interdiction de toute sortie de bovins du territoire métropolitain pour éviter la diffusion du virus hors de France.
« Des sanctions sévères seront appliquées : amende en cas de non respect des mesures de limitation des mouvements ; augmentée en cas de récidive ; non dédommagement par l'État pour le dépeuplement si les infections résultent de comportements interdits. Les contrôles seront renforcés par instruction aux préfets. Ces mesures prennent effet le 18 octobre et sont valables jusqu'au 4 novembre 2025 inclus. Elles seront levées le 5 novembre, si la situation sanitaire le permet », poursuivent les autorités. Un arrêté en ce sens a été publié le 18 octobre.
« Sans concertation préalable »
Le ministère précise que « la ministre veillera à ce que le marché et les prix ne soient pas indûment affectés par cette mesure temporaire. Elle enjoint tous les acteurs économiques de la chaîne à une solidarité et à une responsabilité à la hauteur de l'ampleur de la crise sanitaire connue. À cette fin, elle devait les recevoir dès lundi (20 octobre NDLR) pour discuter, avec eux, des dispositions à prendre pour préserver le marché français de tout risque spéculatif ».
Jusqu'ici soutien de la stratégie vaccinale du gouvernement contre la DNC, le syndicalisme majoritaire (FNSEA, JA, FNPL, FNB) a dénoncé, le même jour, une décision « unilatérale, sans vote des membres du Cnopsav et sans concertation préalable », qui « met en danger l'élevage français qui court au-devant d'une déstabilisation des marchés sans aucune mesure de crise pour soutenir les éleveurs ». Pour les syndicats, « des alternatives étaient possibles, en négociant avec les autres États membres l'acceptation d'échanges d'animaux vaccinés et par la mise en place d'un contrôle vétérinaire sur tous les animaux à l'exportation. »
Et de faire porter la responsabilité de la situation sanitaire actuelle sur « l'irresponsabilité de certains, qu'on ne saurait même pas qualifier de professionnels, et (...) la lenteur de l'État face aux résistances et aux manquements de ces individus ».
De leur côté, la Confédération paysanne et la Coordination rurale, qui n'ont eu de cesse de dénoncer l'abattage total systématique, jugent « insupportable » d'accuser ainsi les éleveurs.
Zone réglementée élargie dans les Pyrénées-Orientales
Les trois premiers foyers dans les Pyrénées-Orientales ont par ailleurs conduit à élargir la zone réglementée établie début octobre dans le département à la suite de foyers en Espagne.
Celle-ci recouvre désormais l'intégralité des Pyrénées-Orientales, « ainsi qu'une partie de l'Ariège et de l'Aude ». Avant l'élargissement, elle comptait 3 000 bovins. Dans cette zone de 50 km autour des foyers, les mêmes mesures que dans les précédentes zones réglementées s'appliquent : surveillance et biosécurité renforcées, interdictions des transports d'animaux, vaccination obligatoire prise en charge par l'État.
Avec ces nouveaux cas, la France compte désormais 86 foyers (dans 54 élevages) et cinq zones réglementées : Savoies et Ain, Loire et Rhône, Pyrénées-Orientales, Jura, Ain (bilan et carte disponibles sur le site du ministère).
Le 15 octobre, le ministère a fait paraître au Journal officiel un arrêté qui entérine la création de « zones de vaccination » contre la DNC : la vaccination peut être rendue obligatoire dans ces nouvelles zones, distinctes des zones réglementées.
De l'autre côté des Pyrénées, l'Espagne dénombre désormais cinq foyers, selon la plate-forme française ESA : un premier foyer avait été détecté le 1er octobre à Castelló d'Empuries (province de Gérone, Catalogne, ce qui avait motivé la mise en place d'une première zone de surveillance dans les Pyrénées-Orientales), suivi de quatre autres les jours suivants dans le même secteur. ■